I COMME ICARE (1979) - Henri Verneuil avec Yves Montand - EXPERIENCE DE MILGRAM (1960-1963)

« Icare fut enfermé par Minos dans un labyrinthe , il s'évada avec des ailes qu'il fabriqua et qu'il s'attacha sur le dos avec de la cire , mais dans son vol , il s'approcha si imprudemment du soleil que la cire se mit à fondre , il perdit ses ailes et tomba dans la mer qui porte son nom […] Si on considère le soleil comme le symbole de la vérité , alors Icare se brûle les ailes parce qu'il s'approche trop près de la grande vérité ».

I comme Icare de Henri Verneuil (cinéaste qui savait rassembler grand public et connaisseurs) est un film politique clairement inspiré de la mort de Kennedy (1963). L'action se déroule dans un état fictif et pourrait se dérouler dans n'importe quel pays. Au début du film , le président est assassiné , une enquête est ouverte et l'on repère assez vite l'identité du présumé tueur. Ce dernier est retrouvé mort dans l'ascenseur d'un bâtiment , et le rapport d'enquête indique formellement que le tueur était atteint de folie et qu'il s'est donné la mort. Seulement le délibéré de la Haute Cour de Justice va laisser circonspect le procureur Volney (Yves Montand) qui est chargé de reprendre l'enquête. Il va peu à peu rassembler des éléments dont notamment une vidéo qui a été tourné le jour du crime. Avec quatre collaborateurs , ils analysent scrupuleusement les pellicules. Ils arrivent à identifier une dizaine de témoins de la scène en mettant sur pause la vidéo. C'est alors que l'équipe de Volney se met à traquer ces personnes , c'est alors qu'ils se rendent compte qu'ils avaient témoigné devant la commission d'enquête et que leur propos ont été écartés et jugés insatisfaisants. Pire encore , huit des neuf sont décédés récemment dans des circonstances troublantes (accidents , suicides , assassinats sous légitime défense...). Un seul d'entre eux est encore vivant. Son visage est partagé dans tous les médias et ce dernier finit par appeler le procureur. Entendu , et mis en sécurité , l'homme arrive à reconnaître un homme sur les photos défilées mais le lien avec le meurtrier n'est pas clairement établi.Le procureur investit les locaux d'où sont partis les balles qui ont tué le président Nary. Il procède à une reconstitution scrupuleuse de la scène de crime , il découvre que le rapport d'enquête proposée dès lors est totalement calomnieux et factice. Dans le rapport , les trois douilles ramassées après le crime sont curieusement alignées l'une à côté de l'autre. En reproduisant la scène exactement dans la même position que le tueur (connue avec la vidéo), en utilisant la même arme avec des balles blanches , il s'aperçoit que les trois douilles échappées sont très lointaines et dispersées . En constatant aussi que le lieu du tireur est un local loué par un société fantôme : le procureur Volney abouti à une conclusion sans failles : le rapport de la Haute Cour de Justice est entièrement inventé et imaginé de A à Z. La personne identifiée par le 9e témoin (de Palma un gangster ) est en faite le commanditaire du tueur , et ce tueur n'est pas Daslow (présumé tueur ) mais Luigi Da Costa. Daslow a juste été utilisé pour détourner l'attention. Sachant que le seul témoin vivant de Volney est en sécurité , il risque de parler et de faire découvrir la véritable identité du tueur. Da Costa est éliminé par De Palma qui menaçait de parler. Le procureur Volney s'intéresse encore au cas Daslow , ce dernier avait effectué des expériences un an auparavant sous le thème de « la soumission à l'autorité ». Cette pratique est appelée « expérience de Milgram » et va constituer une des scènes les plus marquantes du film (article en bas) . Par la suite , le procureur va conclure que Daslow était soumis à l'autorité uniquement s'il estimait que l'ordre était juste. La théorie de sa folie était mensongère. Volney va déduire en établissant le lien avec les vrais suspects qu'ils étaient à la solde des service secrets. Une cassette est retrouvée chez un des haut-reponsable du réseau , elle contient des voix codées et brouillées. Après des nuits d'efforts à trouver la bonne fréquence pour rendre la cassette audible. Volney découvre l'étendue de la mission intitulée « Minos ». L'enregistrement possède également une mission non exécutée à ce jour qui s'appelle « I comme Icare » qui doit se dérouler le 17 juin avant minuit (le jour même de la découverte). Volney a tout élucidé, ( !! SPOIL!!) et dans un moment de détente rare , il demande à sa femme au téléphone qu'est ce que représente Icare dans la mythologie. C'est alors que l'on voit une personne postée dans l'immeuble d'en face , menaçant. Il assassine Volney froidement , c'est alors que l'opération Icare se termine , le parcours du procureur étant la métaphore parfaite du mythe d'Icare (se brûler les ailes en s'approchant trop de la Grande Vérité). Ce film à l'instar de ceux de Costa-Gavras montre bien l'invincibilité des élites et leur parfaite organisation . Le procureur se mue en défenseur de la vérité. Seulement son impact est bien mince compte-rendu des projets et de l'absolue puissances de ces sociétés obscures. J'ai trouvé ce film très instructif et sa ressemblance avec le mystère de la mort de Kennedy laisse imaginer toute la supercherie des organisations secrètes des Etats Unis de l'époque.

NOTE : 4/5.